Refugees International s’est exprimé vendredi concernant la détérioration des conditions rencontrées par les réfugiés soudanais en Égypte, exhortant l’intervention internationale immédiate à protéger leurs droits. La déclaration fait suite à la publication d’un rapport détaillant les défis auxquels sont confrontés les réfugiés soudanais, en particulier à la lumière de la nouvelle loi d’asile égyptienne. Le rapport de Refugees International, «Aucun modèle de refuge», note le risque croissant de déportations, l’accès restreint aux services essentiels et les incertitudes légales qui compromettent la sécurité des réfugiés soudanais en Égypte.
L’adoption de la nouvelle loi sur l’asile égyptienne en décembre 2024 a soulevé des préoccupations parmi les organisations de défense des droits de l’homme. La loi comprend de vagues dispositions de sécurité nationale permettant aux autorités de révoquer le statut de réfugié et de criminaliser les personnes réputées être entrées illégalement dans le pays. La loi a été adoptée sans consultation avec l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ou les organisations de la société civile, limitant davantage les protections pour les demandeurs d’asile.
Le rapport de Refugees International documente de nombreux cas de réfugiés soudanais refusés aux soins de santé, à l’éducation et aux possibilités de travail. Les écoles desservant des enfants soudanaises ont été fermées, les hôpitaux refusent fréquemment un traitement et les exigences de permis de travail restent presque impossibles pour les réfugiés. Les organisations dirigées par les réfugiés, qui ont joué un rôle crucial dans la fourniture d’assistance, sont désormais confrontées à des restrictions supplémentaires en vertu de la nouvelle loi sur l’asile.
Le rapport d’Amnesty International documente la détention arbitraire généralisée et les rendements forcés des réfugiés soudanais par les autorités égyptiennes. L’organisation a enregistré plusieurs cas d’hommes, de femmes et d’enfants soudanais détenus dans des établissements de détention surpeuplés et insalubres avant d’être retourné de force au Soudan sans procédure régulière. Entre janvier et mars 2024 seulement, au moins 800 réfugiés soudanais ont été expulsés d’Égypte sans être autorisés à réclamer l’asile. En vertu de la Convention des réfugiés de 1951, à laquelle l’Égypte est signataire, le principe de non-refoulement interdit les réfugiés de retour dans un pays où ils sont confrontés à la persécution.
La situation géopolitique plus large au Soudan a également contribué à l’aggravation de la crise humanitaire. Les efforts de médiation ont échoué à plusieurs reprises car les dirigeants des forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF) refusent de stopper leur violence. Les combats à Khartoum et au Darfour continuent de dégénérer, les atrocités de masse étant signalées, y compris les meurtres à motivation ethniquement dans l’ouest du Darfour. En mars 2024, la CSNU a adopté une résolution appelant à une cessation immédiate de la violence au Soudan. Cependant, les négociations indirectes ultérieures entre le SAF et le RSF se sont rapidement effondrées car aucune des parties n’était disposée à faire des compromis.
Refugees International appelle donc une action internationale urgente exhortant les principales nations donneuses à faire pression sur l’Égypte pour réviser ses politiques d’asile. Le rapport recommande que l’Égypte interrompre les déportations de réfugiés soudanais, rouvrira les écoles communautaires et accorde des permis de travail de demandeurs d’asile soudanais. De plus, le HCR est encouragé à adopter une position plus forte contre les politiques restrictives de l’Égypte et à demander l’accès aux installations de détention pour surveiller le traitement des réfugiés soudanais. Refugees International avertit que le nouveau cadre d’asile d’Égypte pourrait établir un précédent dangereux, saper les normes internationales de protection des réfugiés et aggraver la crise humanitaire pour ceux qui fuient la guerre au Soudan.