Dans Saison 9, épisode 2 de «Notes à mon moi (juridique) », J’ai accueilli à nouveau Damien Riehl, un leader du secteur possédant une richesse d’expertise couvrant la science des données, les grands modèles de langage (LLM) et les normes juridiques. Cette conversation aborde l’une des questions les plus urgentes de l’ère numérique : comment les avocats gagneront-ils de l’argent dans un monde transformé par l’IA ?
L’heure facturable et l’évolution de la valeur
Damien a commencé par dresser le paysage actuel : l’heure facturable traditionnelle domine toujours la facturation légale, représentant 85 % des revenus de nombreuses entreprises. Mais la montée en puissance des LLM, capables d’accomplir des tâches en quelques minutes qui prenaient autrefois des heures, ébranle ce modèle dans son essence.
Damien a décrit deux futurs potentiels :
Le statu quo. Les avocats utilisent des outils d’IA pour répondre à plus de questions dans le même laps de temps, offrant ainsi à leurs clients un service plus complet tout en maintenant les heures facturables.
Un nouveau paradigme. Les clients exigent des tarifs forfaitaires et les équipes internes exploitent l’IA pour gérer des tâches plus simples, poussant les entreprises à redéfinir leur proposition de valeur.
Élargir le marché : servir les personnes mal desservies
Alors que les avocats déplorent souvent les risques posés par les LLM, Damien souligne l’immense marché latent que l’IA peut débloquer. Aujourd’hui, 80 à 90 % des besoins juridiques ne sont pas satisfaits, laissant les clients à revenus moyens et faibles sans accès à la justice. Les LLM peuvent aider à combler cet écart en permettant aux entreprises de servir ces clients de manière rentable.
« Nous devons arrêter de considérer les marchés mal desservis comme des cas de charité », a soutenu Damien. « Ce sont des opportunités d’accroître notre impact et de développer nos activités. »
En automatisant le travail de routine, les avocats peuvent servir davantage de clients à moindre coût, en exploitant un marché vaste et mal desservi qui comprend des particuliers, des petites entreprises et même des secteurs sous-représentés.
L’avenir de la tarification : plus que l’heure facturable
Damien a exploré des modèles de tarification alternatifs, notamment :
Honoraires forfaitaires. En réduisant les coûts grâce à l’automatisation, les entreprises peuvent proposer des tarifs forfaitaires compétitifs tout en préservant, voire en augmentant leurs marges bénéficiaires.
Tarification basée sur la valeur. Les avocats pourraient aligner leurs honoraires sur l’impact qu’ils créent, comme un pourcentage de l’épargne ou de la valeur ajoutée d’un client. Bien que ce modèle soit prometteur, des obstacles éthiques et réglementaires subsistent.
Modèles hybrides. Pour les cas imprévisibles ou complexes, les entreprises peuvent toujours s’appuyer sur des heures facturables parallèlement à des modèles alternatifs.
Ces changements nécessitent de repenser fondamentalement la manière dont les avocats définissent, mesurent et génèrent de la valeur.
Relever les défis éthiques et réglementaires
La conversation s’est tournée vers l’éthique et la réglementation, notamment autour des LLM et de la pratique non autorisée du droit (UPL). Damien a souligné trois points clés :
Frais raisonnables. Les avocats doivent concilier efficacité et équité. Facturer 10 heures pour une tâche qui prend deux minutes à l’IA peut ne plus répondre à la norme éthique du caractère raisonnable.
Confidentialité. Les entreprises doivent garantir que les données des clients restent sécurisées, même lorsqu’elles utilisent des outils d’IA tiers.
UPL et IA. Des outils tels que ChatGPT et Gemini de Google peuvent rédiger des documents juridiques, soulevant la question de savoir si l’IA constitue une pratique non autorisée.
Damien a noté que les régulateurs sont confrontés à une bataille difficile pour faire respecter les lois UPL contre les géants de la technologie comme Google et Microsoft. Toutefois, les petites entreprises de technologie juridique pourraient être les plus touchées par ces litiges.
Opportunités pour les avocats : 5 portes vers le succès
Damien a décrit cinq voies que les avocats peuvent emprunter pour prospérer à l’ère de l’IA :
Tirez parti de l’IA pour plus d’efficacité. Utilisez les LLM pour effectuer plus de travail en moins de temps, offrant ainsi une plus grande valeur aux clients.
Adoptez des tarifs forfaitaires. Réduisez les coûts grâce à l’automatisation et rivalisez efficacement avec les équipes internes.
Développez le marché bas. Servir les clients à revenus moyens et faibles qui ont toujours été exclus des services juridiques.
Montez sur le marché. Répondez à la demande croissante des secteurs fortement réglementés comme l’automobile et la finance.
Développer la technologie. Créez des outils basés sur l’IA pour responsabiliser les avocats et les clients.
Qu’en est-il des régulateurs ?
Damien a prédit que les barreaux, contraints par la diminution du nombre de membres et des ressources limitées, pourraient avoir du mal à appliquer des règles UPL strictes contre les principaux acteurs de la technologie. Pendant ce temps, des cas comme Résoudre – qui conteste les statuts de l’UPL sur la base du premier amendement – pourrait ouvrir la voie à des interprétations plus libérales de ce qui constitue une pratique juridique.
Il a toutefois mis en garde contre le fait de s’appuyer sur l’inertie réglementaire. Les avocats devraient s’efforcer d’adapter leurs pratiques pour servir un marché plus large, plutôt que de résister aux changements inévitables.
Pensées finales
Alors que la conversation touche à sa fin, Damien lance un défi à la profession juridique :
« Si nous ne desservons pas 80 à 90 % de la population, nous échouons. L’IA n’est pas l’ennemi, c’est l’outil dont nous avons besoin pour accroître notre impact et remplir nos obligations éthiques.
La montée en puissance des LLM constitue moins une menace pour les avocats qu’un signal d’alarme. En adoptant les nouvelles technologies, en explorant des modèles de tarification alternatifs et en servant des marchés inexploités, les avocats peuvent non seulement maintenir leur niveau de vie, mais également élargir l’accès à la justice.
L’avenir du droit est une question de choix : par quelle porte allez-vous franchir ?
Olga V. Mack est membre de CodeX, du Stanford Center for Legal Informatics et éditrice d’IA générative à law.MIT. Olga adhère à l’innovation juridique et a consacré sa carrière à améliorer et à façonner l’avenir du droit. Elle est convaincue que la profession juridique en ressortira encore plus forte, plus résiliente et plus inclusive qu’auparavant en adoptant la technologie. Olga est également une avocate générale primée, une professionnelle des opérations, une conseillère en démarrage, une conférencière, une professeure adjointe et une entrepreneure. Elle est l’auteur de Get on Board : Gagnez votre ticket pour un siège au conseil d’administration d’une entreprise, Fundamentals of Smart Contract Security et Blockchain Value : Transforming Business Models, Society, and Communities. Elle travaille sur trois livres : Visual IQ for Lawyers (ABA 2024), The Rise of Product Lawyers : An Analytical Framework to Systemaically Advise Your Clients Along the Product Lifecycle (Globe Law and Business 2024) et Legal Operations in the Age of AI. et données (Globe Law and Business 2024). Vous pouvez suivre Olga sur LinkedIn et Twitter @olgavmack.