La résidente et coordonnatrice humanitaire des Nations Unies pour le Soudan, Clementine Nkweta-Salami, a averti que « le temps presse » alors que la famine, la maladie et les combats se rapprochent de la population « et qu’il n’y a pas de fin en vue ».
« La communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés alors que cette crise devient incontrôlable, alors que l’étau de ce conflit resserre son emprise sur la population civile », a-t-elle déclaré, s’adressant aux journalistes au siège de l’ONU à New York.
Affrontements au Darfour
L’armée soudanaise et une armée rivale connue sous le nom de Forces de soutien rapide (RSF) se battent depuis plus d’un an.
Mme Nkweta-Salami a particulièrement attiré l’attention sur l’escalade des hostilités à El Fasher, capitale de l’État du Darfour Nord, où les affrontements du week-end dernier auraient fait de nombreuses victimes et déplacés.
Elle a prévenu que « si les parties ne se retirent pas du gouffre », les conséquences seront dévastatrices pour les 800 000 personnes qui s’y trouvent.
Pendant ce temps, l’aide humanitaire dont on a désespérément besoin ne peut pas parvenir à la ville.
Plus d’une douzaine de camions chargés de fournitures essentielles pour 120 000 personnes, partis de la ville côtière de Port-Soudan le 3 avril, ne sont toujours pas arrivés à El Fasher en raison de l’insécurité et des retards de dédouanement aux points de contrôle.
Mort, destruction, déplacement
« Les combats à El Fasher sont un autre exemple tragique de l’impact grotesque de ce conflit sur les civils », a-t-elle déclaré.
Les agences des Nations Unies continuent de répondre à la dévastation au Soudan, où des milliers de personnes ont été tuées, des maisons et des infrastructures civiles détruites et d’horribles atrocités ont été commisesnotamment le viol, la torture et la violence à motivation ethnique.
Environ 18 millions de personnes souffrent de la faim et au moins cinq millions sont au bord de la famine.
Le Soudan est désormais la plus grande crise de déplacement au monde. Quelque neuf millions de personnes ont été contraintes de chercher refuge, que ce soit ailleurs dans le pays ou de l’autre côté de la frontière.
“Une tempête parfaite”
La plupart des Soudanais n’ont désormais pas accès aux soins de santé et à un une génération entière manque d’éducation. Les agences des Nations Unies ont récemment averti que la famine se profilait à l’horizon et que la fenêtre pour agir se refermait rapidement.
« Il ne nous reste que six semaines avant le début de la période de soudure, lorsque la nourriture devient moins disponible et plus chère », a déclaré Mme Nkweta-Salami.
En outre, deux autres échéances se profilent : le début de la saison des pluies, qui rend encore plus difficile l’accès aux personnes dans le besoin, et la fin de la saison des semis, qui pourrait échouer si les semences ne peuvent pas être livrées à temps aux agriculteurs.
“En bref, le peuple soudanais est sur le chemin d’une véritable tempête qui devient de plus en plus meurtrière», a-t-elle prévenu.
Soulignant l’engagement de l’ONU à rester et à agir dans le pays, elle a noté que les efforts diplomatiques se poursuivent 24 heures sur 24 pour amener les parties à la table des négociations afin de « faire taire les armes ».
“Nous devons agir maintenant”
« Lorsque cet objectif sera atteint, l’ONU sera prête à intensifier son soutien au relèvement et à la reconstruction », a-t-elle déclaré.
Cependant, d’ici là, les humanitaires ont besoin d’un accès sans entrave pour atteindre les personnes dans le besoin, où qu’ils soient. Le soutien financier est également essentiel, car un appel humanitaire de 2,7 dollars destiné à soutenir leurs opérations n’est financé qu’à 12 pour cent. Enfin, un plus grand engagement est nécessaire pour mettre fin aux combats.
“C’est il est temps de renforcer le plaidoyer, l’attention et les ressources,” dit-elle. « Le temps presse. Nous devons agir maintenant.
