More
    - Advertisement - spot_img
    AccueilPolitiqueLa société arménienne actuelle s’inscrit dans la banalisation de l’antisémitisme

    La société arménienne actuelle s’inscrit dans la banalisation de l’antisémitisme

    Ces derniers mois ont été marqués par un débat croissant autour de la montée del’extrême droite en Europe et dans le monde, ainsi que par l’ascension au pouvoir de partis politiques nationalistes. Cette orientation politique vers la droite est intimement liée à une augmentation alarmante de l’antisémitisme, particulièrement exacerbée par le contexte actuel du conflit israélo-palestinien. Un exemple saisissant de cette dynamique se trouve en Arménie. De nombreuses voix s’élèvent pour exprimer leur inquiétude quant à la situation des arméniens, mais souvent sans une réelle compréhension de la société dans laquelle ils évoluent.

    Il convient de souligner que l’Arménie est caractérisée par une faible diversité ethnique.Selon les données du recensement de 2001, près de 97,9 % de sa population est d’origine arménienne. Les autres groupes ethniques en minorités étant les Kurdes, les Russes et une très petite portion de juifs. Récemment, une radicalisation croissante s’estmanifestée dans le pays, phénomène habituel en période de crise, et qui se concentre souvent sur les minorités. Cette situation est exacerbée par les retombées de la guerre au haut-Karabakh. Dans ce contexte, la société arménienne en proie à une crise cherche des boucs émissaires, une tendance renforcée par l’influence du conflit israélo-palestinien et les pressions de la communauté internationale pour prendre position.

    La minorité juive paie donc un lourd tribut en ces temps difficiles. A titre d’exemple: une synagogue arménienne a été incendiée pendant la guerre des Épées de Fer, et la synagogue Mordechai le Prophète à Erevan, la capitale du pays, a été incendiée à deux reprises ( le 2 octobre et le 14 novembre) par un groupe de militants locaux. Ces attaques, largement diffusées sur les réseaux sociaux, sont accompagnées de déclarations justificatives ou menaçantes. Il est important de noter que ce phénomène n’est pas limité à l’Arménie, comme en témoignent les nombreux incendies de synagogues dans le monde depuis le début du conflit israélo-palestinien: ainsi, le 18 octobre en Allemagne la synagogue de Berlin a été aspergée d’un cocktail Molotov; ce même jour, en Espagne une synagogue est attaquée par une foule brandissant des drapeaux palestiniens , ou encore à Porto où pourtant on compte peu d’incident de ce genre.

    Banalisation de l’antisémitisme en Arménie

    Malgré la faible présence juive en Arménie, près de 58 % des habitants du pays se déclarent antisémites , c’est en tous cas ce que rapporte Eric Gozlan, directeur d’International Council for Diplomacy and Dialogue sur son blog Médiapart. Les déclarations et manifestations antisémites sont monnaie courante et tendent à se banaliser dans la société arménienne. D’ailleurs , dans la foulée de l’Histoire, un ancien député allemand de l’AFD, l’extrême droite allemande, se rendait au Karabakh en 2019

    ( https://news.am/eng/news/515318.html).

    https://news.am/eng/news/515318.htmlCes dernières années, la glorification excessive du nazi Garegin Nzhdeh, présenté comme un héros national, contribue à cette banalisation de l’antisémitisme. Garegin Nzdeh est l’un des pères fondateurs de l’Arménie contemporaine. Il a été rédacteur en chef adjoint du journal “Arménie indépendante” et les Renseignements allemands témoignent de sa collaboration avec l’armée allemande. Nejdeh a recruté des volontaires arméniens pour la Wehrmacht et la Waffen-SS. Ce nazi est donc un personnage historique et présenté comme le héros de la nation. Et même si chaque pays a besoin de glorifier ceux qu’ils considère comme des sauveurs du pays , cette glorification semble dépasser les bornes dans le pays : statue, noms de grandes avenues, squares, stations de métro ou village à la gloire de cet ancien nazi. L’Arménie réécrit son histoire en minimisant son passé nazi et son implication aux côtés des forces allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans ce contexte de banalisation, les manifestations nazies à Yerevan sont perçues comme pacifiques par une partie de la population.

    Authors

    - Advertisement -spot_img

    A lire